NASH / NAFLD : maladie du foie gras
(extrait de lanutrition.fr)
Maladies du foie gras
Maladie « nouvelle », sans médicament, la stéatose hépatique (NAFLD) et sa complication en NASH se traite essentiellement par des changements de mode de vie. La recherche avance sur les approches bénéfiques.
Ces maladies sont fortement liées l’une à autre : la stéatose hépatique ou NAFLD et sa forme avancée (NASH), appelée aussi maladies du foie gras.
Elles sont caractérisées, comme son nom l’indique, par une infiltration de graisses dans le foie, et s’accompagnent d’une inflammation hépatique. Elles sont aussi liées au métabolisme du glucose car on sait que la consommation de sucre (en particulier le fructose) est fortement associée à son apparition.
Aujourd’hui deux modes alimentaires permettent de dégraisser un « foie gras » : le régime méditerranéen et le régime low carb ou cétogène (pauvres en glucides) pour lesquels les études sont encore peu nombreuses (avec un avantage pour le régime méditerranéen) même si elles sont encourageantes.
La recherche avance néanmoins puisqu’en l’absence de médicaments, on a tout intérêt à miser sur des changements de mode de vie les plus efficaces et simples possible. De nombreuses substances naturelles et aliments sont ainsi testés par les scientifiques.
Voici les aliments et compléments alimentaires qui pourraient être utiles en plus des mesures diététiques déjà en cours ou pour limiter le risque de stéatose hépatique.
Choux, ail, café, oméga 3…
Les aliments possiblement favorables
Les choux
L’indole est un composé présent dans les crucifères (chou-fleur, chou de Bruxelles, brocoli…). Il fait partie de la famille des glucosinolates, dont les propriétés anti-inflammatoires et anticancéreuses ont été très étudiées.
C’est aussi un produit de la dégradation de l’acide aminé tryptophane par les bactéries du microbiote intestinal.
On trouve également de l’indole dans certaines algues. L’indole agirait sur la maladie du foie gras en aidant à la fois à limiter la quantité de graisse dans les cellules du foie et l’inflammation hépatique (1).
Une des hypothèses en cours est que l’indole pourrait contrecarrer les effets d’un sous-produit toxique de la dégradation du glucose, le méthylglyoxal (MGO) qui participe à la création de produits de glycation avancée (AGE) et à l’inflammation (2). L’indole permettrait d’augmenter le taux de glyoxalase-1, l’enzyme responsable de la détoxification du MGO.
L’ail
Parce que certaines preuves émergentes suggéraient que l’ail et ses substances actives pouvaient améliorer la stéatose hépatique, des chercheurs ont conduit une étude clinique pour évaluer ses effets sur des personnes souffrant de maladie du foie gras (3). Une centaine de patients ont reçu soit 800 mg d’ail par jour, soit un placebo pendant 15 semaines.
Résultats : les personnes ayant pris de l’ail ont vu leurs paramètres métaboliques (le degré de stéatose vérifié par imagerie, les enzymes du foie, les taux de lipides, la glycémie) s’améliorer de manière plus importante que celles sous placebo. Et ce, même en prenant en compte l’activité physique, les calories ingérées et l’éventuel changement de poids.
L’ail s’avère donc protecteur et prometteur contre la maladie du foie gras.
Le café
C’est l’aliment qui semble avoir le plus d’effet sur la progression de la maladie du foie gras quand on regarde l’ensemble des études.
Selon une méta-analyse de 11 essais cliniques de bonne qualité publiée en septembre 2020, la consommation régulière de café est associée de manière significative à une réduction du risque de NAFLD (4). Elle est également liée à une réduction du risque de développement de la NASH chez les patients atteints de NAFLD, en plus de tous ses bénéfices déjà démontrées dans la prévention des maladies cardio-vasculaires (notamment grâce à sa teneur en anti-oxydants).
Les poissons gras
Par leur grande richesse en acides gras polyinsaturés oméga-3, les poissons gras (sardine, maquereau, thon, saumon, anchois etc.) permettent :
– d’aider à réduire l’accumulation de graisse dans le foie
– d’améliorer les enzymes hépatiques
– d’augmenter la sensibilité des cellules à l’insuline (5)
– effets anti-inflammatoires intéressants puisque la maladie du foie gras présente une composante inflammatoire.
Les études se sont plus intéressées à la complémentation en oméga-3 issus des poissons gras qu’à la consommation de poissons gras mais elles indiquent que ces graisses pourraient être intéressantes en cas de NAFLD. Seul souci : elles sont très hétérogènes (qualité variable suivant les laboratoires).
Chardon Marie, café, choux, ail…
Les compléments alimentaires testés
La vitamine E
À la fois vitamine dite liposoluble et vitamine antioxydante. C’est sans doute pour cela qu’elle est beaucoup étudiée chez les personnes souffrant de maladie du foie gras. Et selon une analyse des études existantes, la vitamine E prise en compléments permettrait de normaliser ou abaisser les taux d’enzymes hépatiques.
Elle aiderait aussi à réduire l’inflammation et la stéatose hépatiques (6). Les doses testées varient entre 300 et 1000 UI, avec de la vitamine E seule ou en combinaison avec d’autres substances naturelles, comme la vitamine C par exemple.
Les plantes
De nombreuses plantes ont été étudiées pour leurs effets sur la maladie du foie gras. On a vu ci-dessus les études sur l’ail et le café. Voyons quelles autres plantes peuvent être utiles, en complément des mesures diététiques et de mode de vie.
Le chardon-marie, plante maîtresse des maladies hépatiques depuis des siècles, semble la plus intéressante contre la NAFLD. La silymarine, son principal composé actif, antioxydant puissant, pourrait aussi limiter la production de graisses nouvelles par le foie ainsi qu’agir sur la résistance des cellules à l’insuline et la stéatose.
La prise de 700-800 mg de silymarine pendant au moins 2 mois permettrait aussi d’améliorer les enzymes hépatiques et la fibrose (7).
Le thé vert et sa substance active, l’épigallocatéchine gallate (EGCG, antioxydant), ont eux aussi été très étudiés contre la NAFLD.
La prise de 500 mg de thé vert par jour semble ainsi avoir des effets bénéfiques sur les différents paramètres de la NAFLD : enzymes hépatiques, inflammation, résistance à l’insuline et la quantité de graisse dans le foie (8).
Le curcuma : antioxydant, anti-inflammatoire, et supporte la fonction hépato-biliaire.
Pris pendant plusieurs semaines il pourrait aussi réduire la stéatose hépatique et améliorer les paramètres métaboliques de la maladie du foie gras (9), en plus de ses nombreuses autre vertus, cardio-vasculaire, digestives, articulaires etc.
Les probiotiques
Ce sont les compléments les plus étudiés actuellement pour la maladie du foie gras, vu l’engouement suscité par les recherches sur le microbiote intestinal.
Les probiotiques sont, rappelons-le, des micro-organismes présents dans tout l’organisme mais plus particulièrement dans les intestins, et dont l’interaction avec le corps a des effets bénéfiques sur la santé.
Des données indiquent que le microbiote intestinal peut influencer le métabolisme des graisses dans le foie ainsi que l’équilibre entre les facteurs pro et anti-inflammatoires au niveau hépatique (10). Et un déséquilibre du mocrobiote (appelé dysbiose) a été associé à la maladie du foie gras.
Fin 2019, une méta-analyse de 15 études randomisées et contrôlées évaluant les effets des probiotiques (associés ou non à des prébiotiques) sur la NAFLD montre que les probiotiques, et leurs alliés les prébiotiques (les fibres dont se nourrissent les bonnes bactéries), peuvent améliorer la NAFLD en rééquilibrant le microbiote(11).
Les auteurs concluent en effet « présenter des preuves claires des bénéfices des suppléments de probiotiques pour la stéatose hépatique, les enzymes du foie, les lipides sanguins ainsi que la fibrose. »
Malgré tout il reste des points à éclaircir, notamment concernant les souches de probiotiques et les doses les plus efficaces, ainsi que leur association avec des prébiotiques.
La recherche a aussi apporté de nouvelles données concernant une quasi-vitamine essentielle, la choline contre la NAFLD.
Sport et nature
Les nouvelles du mode de vie en général
La recherche continue à s’intéresser aux trois piliers permettant actuellement de traiter la maladie du foie gras :
– la perte de poids
– le changement d’alimentation
– l’exercice physique
Côté alimentation, le régime cétogène continue d’obtenir des résultats favorables (14) même si les preuves globales restent minces. Le régime méditerranéen aussi. Une alimentation hypocalorique riche en protéines et pauvre en glucides pourrait également constituer une piste intéressante (15).
Du côté de l’activité physique, il y a des avancées très intéressantes puisqu’une étude récente indique que l’exercice seul (avec ou sans perte de poids associée) a des effets sur le déstockage des graisses du foie et le risque de maladie du foie gras (16).
Ces trois changements de mode de vie restent donc indéniablement pour l’instant la pierre angulaire du traitement de la NAFLD/NASH.
Références
- Ma, L., Wu, C et al. (2020), Indole Alleviates Diet‐Induced Hepatic Steatosis and Inflammation in a Manner Involving Myeloid Cell 6‐Phosphofructo‐2‐Kinase/Fructose‐2,6‐Biphosphatase 3. Hepatology, 72: 1191-1203.
- Cha SH, Hwang Y, Heo SJ, Jun HS. Indole-4-carboxaldehyde Isolated from Seaweed, Sargassum thunbergii, Attenuates Methylglyoxal-Induced Hepatic Inflammation. Mar Drugs. 2019 Aug 21;17(9):486.
- Soleimani D, Paknahad Z, Rouhani MH. Therapeutic Effects of Garlic on Hepatic Steatosis in Nonalcoholic Fatty Liver Disease Patients: A Randomized Clinical Trial. Diabetes Metab Syndr Obes. 2020;13:2389-2397.
- Hayat U, Siddiqui AA, Okut H, Afroz S, Tasleem S, Haris A. The effect of coffee consumption on the non-alcoholic fatty liver disease and liver fibrosis: A meta-analysis of 11 epidemiological studies. Ann Hepatol. 2020 Sep 10:S1665-2681(20)30169-1.
- Gupta V, Mah XJ, Garcia MC, Antonypillai C, van der Poorten D. Oily fish, coffee and walnuts: Dietary treatment for nonalcoholic fatty liver disease. World J Gastroenterol. 2015;21(37):10621-10635. doi:10.3748/wjg.v21.i37.10621
- Perumpail BJ, Li AA, John N, et al. The Role of Vitamin E in the Treatment of NAFLD. Diseases. 2018;6(4):86.
- Zhong S, et al. The therapeutic effect of silymarin in the treatment of nonalcoholic fatty disease: A meta-analysis (PRISMA) of randomized control trials. Medicine (Baltimore). 2017 Dec; 96(49):e9061.
- Hussain M, Habib-Ur-Rehman, Akhtar L : Therapeutic benefits of green tea extract on various parameters in non-alcoholic fatty liver disease patients. Pak J Med Sci. 2017 Jul-Aug; 33(4):931-936.
- Panahi Y, Kianpour P, Mohtashami R, Jafari R, Simental-Mendía LE, Sahebkar A. Efficacy and Safety of Phytosomal Curcumin in Non-Alcoholic Fatty Liver Disease: A Randomized Controlled Trial. Drug Res (Stuttg). 2017 Apr; 67(4):244-251.
- Xie C, Halegoua-DeMarzio D. Role of Probiotics in Non-alcoholic Fatty Liver Disease: Does Gut Microbiota Matter? Nutrients. 2019 Nov 19;11(11):2837.
- Westerouen Van Meeteren MJ, Drenth JPH, Tjwa ETTL. Elafibranor: a potential drug for the treatment of nonalcoholic steatohepatitis (NASH). Expert Opin Investig Drugs. 2020 Feb;29(2):117-123.
- Lv, X, Dong, Y, Hu, L, Lu, F, Zhou, C, Qin, S. Glucagon‐like peptide‐1 receptor agonists (GLP‐1 RAs) for the management of nonalcoholic fatty liver disease (NAFLD): A systematic review. Endocrinol Diab Metab. 2020; 3:e00163
- Pennisi G, Celsa C, Spatola F, Dallio M, Federico A, Petta S. Pharmacological Therapy of Non-Alcoholic Fatty Liver Disease: What Drugs Are Available Now and Future Perspectives. Int J Environ Res Public Health. 2019;16(22):4334.
- Luukkonen PK, et al. Effect of a ketogenic diet on hepatic steatosis and hepatic mitochondrial metabolism in nonalcoholic fatty liver disease. Proc Natl Acad Sci U S A. 2020 Mar 31;117(13):7347-7354.
- De Chiara F, Ureta Checcllo C, Ramón Azcón J. High Protein Diet and Metabolic Plasticity in Non-Alcoholic Fatty Liver Disease: Myths and Truths. Nutrients. 2019;11(12):2985.
- Thyfault JP, Rector RS. Exercise Combats Hepatic Steatosis: Potential Mechanisms and Clinical Implications. Diabetes. 2020 Apr;69(4):517-524.
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